dimanche 11 octobre 2015

DATA ET SPORT : ESSAI TRANSFORMÉ

SPORT DE HAUT NIVEAU, QUAND LA DATA S'IMPOSE

PROPOS RECUEILLIS PAR LA RÉDACTION LES CLÉS DE DEMAIN - 11 SEPTEMBRE 2015


Jean-Marie DEBBASCH, 49 ans, ingénieur ESME, a cofondé Connected Cycle en 2013, après 25 ans dans les groupes Bouygues Telecom et ALCATEL, où il a exercé différentes fonctions de direction dans les domaines...

Jean-Marie Debbasch a fondé la start-up Connected Cycle en 2013, aux côtés de Christian Kravanja. Représentant de la French Tech au CES Las Vegas en janvier dernier, grâce à son système de puce intégrée à un vélo ou à une pédale, il explique pour les Clés de demain comment les objets connectés vont changer notre rapport au sport.

En se démocratisant, les objets connectés vont-ils révolutionner le sport, amateur comme professionnel ?

Il y a deux approches différentes selon que l'on s'adresse à un sportif amateur ou professionnel. Mesurer son activité à l'aide d'un système connecté pour un amateur a un côté stimulant. On s'auto-stimule à travers la performance effectuée, comme par exemple un temps de parcours que l'on a l'habitude de faire ; mais aussi grâce au partage des données de son activité sportive, sur les réseaux sociaux notamment. Pour un sportif de haut niveau, l'approche est différente. On sait que la mesure est utile, mais les données doivent être extrêmement précises et il n'est pas question de les partager. Elles restent entre le sportif et son entraîneur. Ainsi, on ne conçoit pas un produit de la même manière selon qu'il est destiné à un professionnel ou au grand public. Mais on se dirige vers une démocratisation de l'utilisation des objets connectés. C'est une question d'habitude. Aujourd'hui, à un arrêt de bus ou à une station de métro, il nous semble normal de voir s'afficher le temps d'attente, on ne s'en rend même plus compte, même si ce n'est pas le fait de savoir quand précisément arrivera le métro qui le fera arriver plus vite.

Où en est-on aujourd'hui en France ? Est-on à la traîne ?

Je ne pense pas que nous soyons spécialement en retard. La pratique devient de plus en plus courante, même dans les loisirs. Aujourd'hui, le principal frein reste encore financier. Les appareils électroniques représentent un coût, qui même à hauteur de quelques centaines d'euros, demeure un luxe. Pour les sportifs de haut niveau, la dynamique est encore une fois différente. Les coachs ont besoin de cette masse de données très précises récoltées par les objets connectés. Cela leur permet une analyse détaillée, facilement évaluable.

Les objets connectés et le numérique ne sont-ils qu'un nouveau support d'une ancienne méthode, ou permettent-ils une analyse de données plus poussée ?

Les deux phénomènes me semblent effectivement justes. Les traqueurs fitness ou l'enregistrement d'activité, dont les informations sont envoyées sur smartphone, font finalement la même chose que le compteur qu'un cycliste pouvait accrocher sur le guidon de son vélo par exemple, avec un historique d'itinéraires en plus. Ici on va simplement exposer des données, avec un appareil plus convivial. C'est une évolution, certes, mais pas phénoménale. Par contre, la technologie développée peut amener à un tout autre niveau d'analyse, et notamment pour les sportifs professionnels. La transmission de données est bien plus importante, encore une fois plus précise, plus large, et leur exploitation en conséquence, avec différents degrés de lecture, que ce soit en temps réel ou à postériori, après un match, un entraînement, ou un effort précis.

SPORT, DATA ET OBJETS CONNECTÉS FONT COURSE COMMUNE


PROPOS RECUEILLIS PAR LA RÉDACTION LES CLÉS DE DEMAIN - 11 SEPTEMBRE 2015


Issu du monde des télécoms et de l'informatique de gestion, Henri Thouvenin a dirigé de 1996 à 2003 Sterling Commerce, société du groupe AT&T qui travaille dans le e-Commerce...

Dans le sport professionnel, où les enjeux financiers sont devenus colossaux, l'analyse prédictive et les objets connectés aident à améliorer les performances. Dans le sport amateur, ils deviennent des coaches virtuels. Explications des enjeux avec Henri Thouvenin, directeur de l'unité Big Data & Analytics d'IBM.


Quels sont les enjeux de l'utilisation de l'analyse prédictive dans le domaine du sport ?

Henri Thouvenin : Nos solutions data sont utilisées dans le tennis, le rugby, le golf... Le recueil et l'analyse de certains paramètres proposent une lecture des clés d'un match ou d'une compétition. Ce qui s'est passé précédemment dans d'autres rencontres du même type permet de déterminer les gestes techniques à mettre en oeuvre pour que les joueurs maximisent leurs chances de gagner. La préparation des sportifs s'inspire de ces analyses. La data ne sert pas seulement à la performance. A l'entraînement, elle permet de mesurer la condition physique des sportifs et leur exposition aux blessures. Les entraineurs peuvent alors mettre en place des mesures qui éviteront aux sportifs d'aller jusqu'à la blessure, ce qui les rendrait indisponibles pendant de longues périodes.

Quel impact sur le monde sportif ?

H. T. : En France, le secteur du sport représente 2% du PIB et ne cesse de croître. D'une part, la France accueille de très nombreux événements mondiaux, et d'autre part, les sportifs amateurs sont de plus en plus intéressés par tous les outils d'aide au développement de leur performance et par les coaches virtuels. Ces deux éléments sont clés dans le développement du business sportif. Le secteur de la distribution bénéficie des ventes de ces nouveaux coaches sportifs.  Des données de plus en plus nombreuses sont collectées et analysées, ce qui laisse la part belle aux solutions de big data et d'analytics. Et pour les grands événements, les médias sont très intéressés par les données et les statistiques qui leur permettent de mieux monétiser et d'enrichir les contenus qu'ils proposent à leurs audiences.  Les algorithmes développés par IBM pour enrichir les données trouvent leur pleine justification dans cette évolution, et l'informatique cognitive leur apporte des capacités complémentaires utiles sur les événements mais à terme pourraient aussi entrer dans l'élaboration d'application pour le public.

Cela passe-t-il aussi par un investissement dans l'internet des objets ?

H. T. : IBM a investi un plan de 3 millions d'euros dans l'internet des objets car, pour optimiser nos prévisions, nous avons besoin d'informations les plus fines possibles. Cette année, à Roland-Garros, des capteurs ont été insérés dans les raquettes Babolat utilisées par Rafael Nadal et une dizaine d'autres joueurs. Les informations collectées directement sur la raquette permettent d'analyser à la source comment les joueurs ont marqué un point, de travailler les gestes à l'entrainement... Le textile connecté permet de mesurer la montée en puissance d'un match et les risques musculaires. Nous sommes en phase d'expérimentation sur les objets connectés, mais de plus en plus de professions s'y intéressent. IBM n'a pas vocation à entrer lui-même sur le marché des objets connectés mais nous accompagnons les fabricants qui mettent au point ces produits. On voit bien que l'équipement sportif doit désormais s'accompagner de services : du coaching virtuel, des propositions de pauses pour ceux qui vont trop loin dans l'effort... Le champ de développement peut être très important, y compris pour le maintien en condition opérationnelle de la personne ou pour vieillir en bonne condition.

Le grand public est-il prêt à partager ces données ?

De plus en plus de gens utilisent le cloud et commencent à se familiariser avec le niveau de sécurité proposé pour la conservation des données. Les réticences sont en train d'être balayées, même chez les particuliers. Si on doit multiplier les services, la question de l'intégration de données sera primordiale et devra rester à la discrétion de l'usager.

PIQ S'ALLIE À FOXCONN SUR LE MARCHÉ DU SPORT CONNECTÉ


ANNE EVENO - ARTICLE PUBLIÉ SUR LE MONDE LE 21 MAI 2015

Le succès de GoPro et de ses caméras sportives le démontre chaque jour sur YouTube : les fondus de sport adorent pouvoir partager et comparer leurs exploits. Ce constat a largement animé les deux fondateurs français de PIQ, Cédric Mangaud et Ongan Mordeniz.



Leur start-up, créée il y a un an, vient de lever 5,5 millions de dollars (4,9 millions d'euros) auprès d'investisseurs, ont-ils annoncé jeudi 21 mai. Le tour de table est composé du taïwanais Foxconn, de Swisscom Ventures, du fonds Robolution Capital et de Ginko Ventures. La somme récoltée va permettre à la jeune pousse de mettre en production et de commercialiser son produit, à savoir un capteur relié à une plate-forme logicielle multisport. Dès cet été en Europe

Avec ce dispositif capable de mesurer 11 millions de données pendant une session de sport d'une heure, l'utilisateur pourra disposer d'informations comme la vitesse d'un coup, la hauteur d'un saut ou voir son mouvement en 3D... En effet, les données collectées seront consultables en temps réel sur un smartphone. Et ces performances pourront être partagées sur les réseaux sociaux. Ce produit se démarque nettement de ceux existant déjà sur le marché. En effet, si Babolat ou Sony ont, par exemple, développé des capteurs pour le tennis, ceux-ci sont intégrés dans la raquette. Tout comme les dispositifs développés pour le hockey, incorporés dans la crosse ou ceux dévolus au football et au basket, logés dans le ballon.

Dès cet été en Europe

Le capteur PIQ, fabriqué par Foxconn, est quant à lui porté par le sportif. Il sera universel puisqu'il reconnaîtra l'activité sportive pratiquée. Il se configurera en fonction de celle-ci. L'avantage d'un tel concept est qu'il n'est pas nécessaire d'acheter une nouvelle raquette ou une nouvelle paire de skis pour pouvoir utiliser ce capteur dont le prix est relativement élevé - de l'ordre de 150 euros - comparativement aux bracelets d'activité par exemple. D'ici à la fin de l'année, trois marques de sport internationales devraient annoncer un partenariat avec PIQ, dont le capteur sera commercialisé dès cet été en Europe, aux Etats-Unis et au Japon.

« Nous voulons sortir du côté un peu punitif des objets connectés, puisque notre produit dira au sportif ce qu'il a fait de bien », explique Cédric Mangaud. Alors que, selon lui, les bracelets d'activité ont un petit côté moralisateur en mesurant le poids, la qualité de sommeil... L'autre volonté des fondateurs de PIQ est de positionner leur dispositif sur le terrain des réseaux sociaux. Dans cette optique, ils ont mis au point une nouvelle unité de mesure des performances sportives, le PIQSport. Par exemple, un pro du tennis ou du basket se verra attribuer la note maximale de 10 000 PIQ, et chacun dans sa pratique sportive pourra s'étalonner par rapport à ce repère.

Pour séduire le marché des sportifs du dimanche, évalué à 3,2 milliards de personnes dans le monde, les concepteurs de PIQ jouent la carte des retransmissions sportives. Certains athlètes, à la suite des accords avec des fédérations sportives, pourraient porter ces capteurs lors d'événements télévisés. La mesure de leurs performances apparaîtrait sur l'écran, enrichissant de données supplémentaires les retransmissions. Comparer virtuellement son coup droit à celui de Rafael Nadal ou son lancer franc à celui de Tony Parker, c'est évidemment le rêve de nombreux joueurs de tennis ou basketteurs amateurs.


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