mercredi 2 septembre 2015

En Espagne, une manifestation d’hologrammes contre la « loi bâillon »

A Madrid, les opposants à la nouvelle loi de sécurité intérieure ont organisé une manifestation d'hologrammes devant le Parlement espagnol

Des hologrammes manifestent contre la "loi du bâillon" en Espagne. E.B./L'Obs

Des hologrammes manifestent contre la "loi du bâillon" en Espagne. E.B./L'Obs

Ces manifestants là ne risquent pas de se faire embarquer par la police. La nuit vient de tomber à Madrid, vendredi 10 avril, quand démarre une drôle de procession devant le Congrès espagnol. Une centaine d'hologrammes en colère brandissent des pancartes "Liberté d'expression", "Non à la censure", ou "Stop la répression".

L'Espagne inaugure une nouvelle forme de militantisme futuriste où les silhouettes de lumières ont remplacé les citoyens amers. L'objet du courroux ? Le gouvernement de Mariano Rajoy, qui vient de faire passer en force une loi de sécurité intérieure extrêmement répressive, que les opposants ont surnommé "loi du bâillon".
Dorénavant, toute personne manifestant sans autorisation, ou devant le Parlement, s'exposera à des amendes allant jusqu'à 30.000 euros. Les Espagnols devront-ils alors se transformer en hologrammes pour pouvoir conserver leur liberté d'expression ? C'est en tout cas le symbole qu'a mis en scène un collectif d'associations citoyennes à travers cette manifestation surréaliste.

Et pour que chacun puisse y participer, un site internet invitait les opposants à envoyer leurs cris de guerre, qui ont ensuite été ajoutés à la bande-son diffusée sur des haut-parleurs pendant la démonstration.

Cela fait des mois que les Espagnols se mobilisent pour que la réforme soit abandonnée, mais profitant de sa majorité au Parlement, le gouvernement a voté, seul contre tous, la "loi de sécurité citoyenne" qui entrera en vigueur en juillet prochain.
Pour nous c'est la fin de la démocratie en Espagne", se désole Carlos Escano, porte-parole du collectif organisateur "No Somos Delito" ("Nous ne sommes pas un délit").
Ils dénoncent aussi, parmi les autres points contestables de la loi, l'interdiction de filmer les policiers, la possibilité pour les forces de sécurité de repousser les migrants de Ceuta et Melilla, et la réforme du Code Pénal.
 
Selon un sondage, 82% des espagnols sont opposés à la loi. Même l'ONU a prié le gouvernement espagnol de la retirer, et le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe a jugé que "l'Espagne prétend rendre légal ce qui ne l'est pas."

Mais à l'approche d'élections importantes (les municipales en mai, et les générales en décembre), le "Partido Popular" au pouvoir (droite conservatrice) a préféré satisfaire la frange réactionnaire de son électorat, exaspérée par les multiples rassemblements d'"indignés" depuis 2011. Seulement ses opposants n'entendent pas se laisser faire, et appellent à la désobéissance civile. Mais cette fois, en chair et en os.
Voir la video ici : http://tempsreel.nouvelobs.com/video/20150411.OBS6946/les-hologrammes-ont-ils-une-conscience-politique.html

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